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Historique |
Pour ceux qui aiment le calme et la tranquilité, il est de chez nous un petit coin, au nom évocateur: "Le Trou de Ferrières". Perdu dans un site boisé et rocailleux, loin des routes nationales, loin des voies à grande ou moyenne circulation, tout y respire la paix et la douceur de vivre. Au cours de la dernière guerre, 14-18, cet hameau eut l'insigne privilège de ne jamais voir un seul Allemand et pendant l'occupation 40-45, les incursions de l'ennemi y furent extrêmement rares. Malheureusement, sa population de vieux Ferrusiens tend à disparaître. Elle est petit à petit remplacée par des gens en quête d'un pied-à -terre pour les weeks-ends ou par ceux qui cherchent un remède définitif contre la tension nerveuse laissée par la vie trépidante des centres urbains. A l'entrée du village, face au lieu-dit " Al Bohêye ", s'élevait autrefois une vétuste croix de bois, dans laquelle était incrustée une statuette de Notre-dame de Verviers. Cette statuette avait été apportée par un ancien propriétaire du Trou - dont on n'a pu retrouver le nom - en souvenir d'une religieuse qui s'était réfugiée et avait vécu dans ce hameau pendant l'époque révolutionnaire. La tradition veut qu'avant d'être remise à notre concitoyen, la statuette était restée disparue pendant un siècle.... En 1895, Catherine Silvestre, la tante des frères et soeurs Silvestre du Trou (Alexandre, Alphonse et l'abbé Jean, tous trois décédés, Louis et Marie, encore en vie) s'apprêtait à entrer en religion. Avant de quitter définitivement les siens, elle conçut le projet d'édifier à cet endroit même de la croix, qui devenait de plus en plus caduque, une petite chapelle : elle la dédierait à N.-D. de Verviers, en mémoire de la statuette et aussi à saint Donat, pour assurer au hameau un saint protecteur contre les méfaits de la foudre. Le terrain fut gracieusement offert par les anciens habitants de la Bohêye, mieux connus sous le nom de Beaudoint d'al Bohêye, dont le seul survivant est Hortense, habitant actuellement au Thier de Ferrières. Les Beaudoint mirent comme seule condition à leur donation que la chapelle soit construite de manière à faire face à " la Bohêye ". Pressée de voir terminer le travail avant son départ, Catherine Silvestre elle-même servait les maçons, ses frères Henri et Hubert. En 1896, la chapelle était ouverte à la dévotion. Elle contient notamment les statues de Notre-Dame-de-Verviers, de Saint-Donat et de Saint Antoine. De jolies rosaces décorent le plafond. L'abbé Jean Silvestre, missionnaire au Brésil puis professeur au Séminaire de Saint-Roch et enfin révérend curé à Lavoir, s'était promis, au moment où il prendrait sa retraite au Trou de Ferrières, de célébrer couramment la messe dans la chapelle. Hélas, sa déportation brutale en Allemagne, terminée par la mort, en martyr, au camp de Buchenwald, mirent fin à ce projet. Les abords extérieurs et intérieurs du petit édifice sont aujourd'hui très bien entretenus par la famille de Louis Silvestre et spécialement par Marie-José. Bel héritage pour nous que la chapelle du Trou ! Sur invitation de ma tante Catherine Silvestre (1) en religion soeur Gertrude de l'ordre de Saint Benoît, je me suis rendu le 20 mars 1927 à l'abbaye bénédictine à la mi-mars à Louvain à l'effet d'entendre de sa bouche l'histoire de la chapelle, renseignements qu'elle déclare tenir de sa mère Marguerite Lecomte. La chapelle est dédiée à Notre-Dame de la Miséricorde, dite aussi Notre-Dame des Récollets de Verviers. Elle contient deux statues de cette vierge. Une petite en fer que le grand-père et parrain de ma tante Catherine (donc le père de Marguerite, Thérèse, Catherine, Georges et Martin Lecomte) avait rapportée lors d'un pèlerinage à pieds nus qu'il avait fait à Verviers en reconnaissance de grâces et de secours qu'il avait obtenus. Il fit dresser une croix de bois. Dans le bras supérieur de cette croix, il creusa une niche où il plaça la statuette. Au bout de longues années, cette croix tomba en vétusté et les membres de la famille Beaudoint-Lecomte et ma tante résolurent de la remplacer par une croix en pierre ; mais ayant appris qu'il n'était pas ou n'était plus permis de placer l'image de la très sainte Vierge sur la croix, il décidèrent de bâtir une chapelle. Thérèse Beaudoint collecte au Trou de Ferrières et ailleurs et parvient à réunir une somme de 80 francs. Martin Beaudoint construisit les murailles sur un terrain qu'ils croyaient leur appartenir (il fut reconnu par la suite que la chapelle était construite sur un excédent de voirie que ma tante du acquérir). La somme recueillie suffit à peine à payer la maçonnerie qui resta découverte et abandonnée faute de ressources. C'est alors que ma tante prit l'affaire en main, écrivit à Madame David qui lui envoya généreusement 100 francs, somme qui, avec ses propres deniers, lui permit de couvrir et d'achever la chapelle. Monsieur le vicaire Joncker voulut bien se charger de la peinture (2). En fin c'était terminé ; il ne restait plus qu'à déposer les statues qu'on n'avait pas. C'est à ce moment que ma tante, alors servante de Monsieur le Doyen Balthazar découvrit providentiellement dans le grenier du presbytère, dans une vieille caisse, une statue de Notre-dame des Récollets qu'elle jugea prédestinée à la chapelle, d'accord avec Monsieur le Doyen. Inquiète à l'idée que d'autres pourraient y déposer une statue quelconque de la vierge, elle décida d'y transporter la sienne sur-le-champ et c'est ce qu'elle fit la nuit même. Au jour levant quelle ne fut pas la surprise des habitants de la Bohée en apercevant la chapelle éclairée. S'approchant, leur étonnement redoubla en constatant que comme par miracle, la statue de la Très Sainte Vierge était venue s'installer dans son petit sanctuaire. Ils s'empressèrent de venir conter la chose au presbytère à Monsieur le Doyen et à tante Catherine qui eurent garde d'expliquer la chose et firent l'étonnés avec eux. La chapelle venait donc de recevoir sa vierge d'une façon tout à fait providentielle et il y avait lieu de se réjouir et d'en remercier le Souverain Maître et la Sainte Vierge. Mais poussant plus loin ses investigations, ma tante Catherine m'a déclaré qu'elle était à peu près sûre que cette statue provenait d'un couvent à Liège, dont les soeurs récollectines furent dispersées par la révolution française et renvoyées dans leurs familles. Chacune d'elles emporta ce qu'elle put des biens de la communauté. Une d'entre elles, native du Houpet, Marie-Joseph Louon fut recueillie dans la famille de sa soeur l'épouse du pèlerin de Verviers dont il est parlé plus haut qui lui aménagea une place dans sa maison du Trou de Ferrières où elle put continuer à suivre la règle de son ordre. Elle fit don à l'église de Ferrières de ce qu'elle avait pu soustraire à la tourmente révolutionnaire ; parmi ces objets se trouvait très vraisemblablement cette statue oubliée depuis longtemps dans les combles du presbytère. Au dire de ma grand-mère maternelle (Marguerite Lecomte), cette religieuse récollectine fut pendant de nombreuses années recommandée à l'église paroissiale en tant que bienfaitrice pour les dons qu'elle lui avait faits. En souvenir de ses parents défunts ma tante Catherine fit placer dans la chapelle les saints Georges, Martin, Catherine, Marguerite et Thérèse et pour la protection du hameau des saints Donat et Antoine Padoue. La croix extérieure est celle qui marquait la tombe de mes grands-parents du Trou, Jean-Joseph Silvestre et Marguerite Lecomte, avant la translation de leurs restes dans la concession que ma tante avait achetée pour eux, pour elle et la famille au cimetière de Ferrières. Tel est l'historique de la chapelle Notre-Dame, rendu aussi fidèlement que possible d'après la relation reçue de tante Catherine, dernière survivante des familles Silvestre-Lecomte et Beaudoint-Lecomte. Notre-Dame de la miséricorde, priez pour nous. Signé : F. Silvestre Fait à Ferrières le 22 mars 1927. Archives de l'Etat de Huy où se trouve l'original du texte reproduit ci-dessus. Archives de la cure de Ferrières - Farde No 1 ERPE (Raymond Paulis) (1) Catherine-Joseph Silvestre, née à Ferrières le 22/4/1852 est la fille de Jean-Joseph et de Marie-Marguerite Lecomte et sa soeur jumelle de Louis-Joseph. Elle est gouvernante du curé-doyen de Ferrières Balthazar (1892-1904), ensuite religieuse bénédictine. Elle a fait construire la chapelle du Trou et a offert deux vitraux à l'église de Ferrières : - Bienheureuse Marguerite-Marie, en souvenir de sa mère - Un des douze Apôtres, en souvenir de son père Elle est décédée à Liège le 11-3-1935 à l'âge de 83 ans. La chapelle est dédiée à N.-D. des Récollets, appelée aussi N.-D. de Verviers, mais invoquée sous le vocable de N.-D. de la Miséricorde. " D'après les renseignements récemment découverts dans un ancien registre du concile décanal à Ouffet, la statue de la chapelle du Trou aurait servi au XVIIIe siècle à une confrérie de N.-D. de la Miséricorde érigée à Ferrières, elle aurait donc plus de 200 ans d'existence dont un siècle durant lequel elle resta perdue, ignorée jusqu'à la construction de la chapelle " (enquête réalisée par R. Paulis) (2) François Joncker (1898-1903). |
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