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levisiteur.be: fiche descriptive | Page vue 82X |
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Adresse(s): |
Croix Deom , 1, 4190 ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() |
Catégorie(s): |
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Informations |
( Ferrières, Croix Deom 1) |
( Ferrières, Croix Deom 1) |
( Ferrières, Croix Deom 1) |
Li creu d'so l'âh'mince Au sommet du village (altitude 325 m), sur le talus de droite en montant, encadré de hêtres séculaires, dont certains sont mal en point, se dresse un modeste monument. Il est composé d'un socle élancé en pierre de taille surmonté d'une croix. Pendant longtemps ce petit monument n'a eu comme voisin que la maison Umans située en face sur le bord gauche de la route. Actuellement, il est entouré d'une profusion de constructions récentes. Les habitants du village l'appellent " Li Creû d'so l'âh'mince " tandis que les professeurs de Saint-Roch le nomment " La Croix Deum ". Il porte en effet l'inscription : " Du à H. Deum et P. Schmits 1880 ". Le monument est donc centenaire. Remarquons en passant l'orthographe de " Du " auquel il manque l'accent circonflexe. Dans le but de remplacer une autre croix qui tombait en ruines, l'actuelle, qui est donc une croix de dévotion, a été érigée par Hubert Deum de La Rouge Minière et Pierre Schmits, lampiste au Séminaire de Saint-Roch. Ce dernier, surnommé " Pierre l' Allemand " était d'origine allemande et parlait un langage savoureux composé de wallon, de français et d'allemand. Il est mort à Saint-Roch. La fonction de lampiste rappelle le temps où l'établissement (comme d'ailleurs toutes les habitations) était éclairé par le pétrole et où un domestique était occupé uniquement au nettoyage des nombreuses lampes, à leur remplissage, etc .... Les renseignements sur l'érection de " Li Creû d'so l'âh'mice " nous ont été fournis il y a un bout de temps par Hubert Demarteau, un ancien de la Rouge Minière. Il y était né le 6 août 1866 ; il est décédé à Angleur le 8 mai 1950 et son fils Augustin et inhumé à Ferrières le 11 mai. Son épouse, Julie Hakin, l'avait précédé dans la tombe le 3 avril 1949. Nous avons conservé le souvenir agréable de cet homme courageux, honnête et bon, toujours gai parlant un français impeccable. Hubert Demarteau a loué ses services à Saint-Roch pendant longtemps. Déjà , durant la guerre 14-18 il conduisait le cheval. En effet, il assurait le ravitaillement de l'établissement en farine et autres produits en se rendant régulièrement à Liège avec cheval et charrette. Pour ménager sa bête, il marchait le plus souvent à côté de celle-ci. Ce long voyage était coupé en deux. Hubert Demarteau logeait à la ferme Dohogne à Chênée. Il a conduit également l'attelage de très nombreuses années soit pour les labours, la fenaison, la moisson, l'arrachage et la rentrée des pommes de terre, etc ..., car de ce temps là le Petit Séminaire exploitait une ferme propre (élevage et culture). Ajoutons aussi le transport du charbon qu'il fallait prendre à la " gare de Saint-Roch " où le vieux tram l'amenait par wagons. Hubert Demarteau est ensuite passé au travail du grand jardin durant de nombreuses années encore. C'est Pierre Gielen qui avait pris la relève pour la conduite du cheval. Tout ceci, c'est plus de culture ni d'élevage. Que signifie " ah 'mince " ? Il se traduit par aisance, terrain communal ; de l'ancien français " aisemance " ce qui nous reporte à une époque fort lointaine où la coutume sur l'occupation et l'exploitation du sol était tout autre que maintenant, la population étant d'ailleurs beaucoup moins nombreuse et même clairsemée. " A côté des domaines et de petits biens ruraux se rencontraient des étendues boisées ou couvertes de bruyères où les paysans possédaient des droits d'usage, mais non de propriété. Dès le 9e siècle, les documents les mentionnent sous le nom de " communia ", mot latin (langue officielle de l'époque) désignant les fonds de terre propriété de la Principauté de Stavelot-Malmedy, mais non occupées par des particuliers. " (Yernaux). Les scribes traduiront plus tard le terme par commungnes, commoingnes, comongnes, communes et toute une variété de graphies selon le cours des temps : aysement, ayhemens, aixhemens, aizement, arsemenche, achemence, azmence, etc.. pour arriver dans l'ancien français à " aisemence " et dans l'ancien wallon à " âh'mince ". Les droits d'usage s'exerçaient notamment dans les forêts où l'on prenait le bois pour le chauffage, la construction des habitations, la fabrication des instruments aratoires, où l'on conduisait paître le bétail, même les porcs se nourrissant de glands. La récolte de la bruyère et du genêt avait aussi son importance. Nous nous limiterons ici car ce domaine pourrait prendre de longs développements. Signalons que la législation communale actuelle contient une survivance des anciens droits d'usage malgré les bouleversements apportés par l'occupation française (1795 à 1815). ERPE |