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La croix Hubert Fagnoul

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Adresse(s):
Chemin de l'Epine , 0, 4190    Ferrières (   Le Thier ) (    Ferrières -    Liège -    Wallonie -    Belgique )
Catégorie(s):
   Croix 
(   Croix    Monuments religieux    Patrimoine monumental    Patrimoine    Catégories)
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Informations

( Ferrières, Chemin de l'Epine)

( Ferrières, Chemin de l'Epine)

( Ferrières, Chemin de l'Epine)

( Ferrières, Chemin de l'Epine)
Le plateau qui surplombe le hameau du Thier offre aux amis de la belle nature de quoi se repaître amplement. Le
promeneur en route vers le Burnontige découvre à sa gauche, un peu au-delà de la maison Julien Lahaye, un vaste
horizon et des points de vue des plus variés.
A l'avant plan, le regard se pose sur un majestueux entonnoir, au pied duquel dorment " les Ridères ". Plus loin,
accrochés au flanc des collines, on aperçoit pêle-mêle quelques pâtés de maisons : le Trou de Ferrières, Le
Houpet, La Fagnoule, Lantroule, La Rouge-Minière , ... - des bois et des bruyères, des espaces gris où la cognée a
fait des ravages, des prairies, çà et là, quelques paisibles troupeaux de bêtes. Après d'être attardé quelque peu
devant ce superbe panorama, le voyageur s'engage aussitôt au lieu-dit : " A li Spène ", dans un chemin plus encaissé
et c'est là, qu'à sa droite se dresse, légèrement incliné en avant, un modeste calvaire dénommé : " Li Creû
Houbèrt ".
Le texte suivant gravé dans la pierre, reste à peine visible :
" A la mémoire du regretté Hubert Fagnoul, trouvé mort en cet endroit le 20 mai 1903 à l'âge de 25 ans. Ses
compagnons, ses concitoyens ont élevé cette croix ".
Il nous rappelle le pénible accident dont fut victime Hubert Fagnoul, frère de Clément Fagnoul de Malacord.
Les Fagnoul, marchands de grains, travaillaient en famille, sous la direction de leur père, Pierre Fagnoul, mieux connu
dans le village sous le surnom de Pierre Nockar.
Le 20 mai 1903 - c'était un samedi - , Hubert Fagnoul était allé chercher au moulin de Hamoir une charrette de grains
destinée aux habitants du Vieux-Fourneau. Rentré à Malacord vers 4 heures de l'après-midi, il se restaura au moyen
d'une " crâsse fricassêye ", donna une musette bien garnie à son cheval et, sans s'accorder de repos, décida
d'achever sa tournée le jour même. En vain, son père lui représenta l'heure tardive, la longueur du trajet restant
à parcourir, les dangers des voyages de nuit ... rien n'y fit. Hubert, comme poussé par son destin, quitta Malacord
vers 5H30, 6h, en route vers le Vieux-Fourneau, accompagné de son cheval, tirant la lourde charrette.
Les clients furent servis et, tard dans la soirée, Hubert repris le chemin de Ferrières. Il devait hélas, lui être
fatal.
On le vit encore passer devant la ferme de Malboutée debout sur sa charrette. Que se passa-t-il ensuite ? Nul ne le
sait avec précision. Il est plus que probable que Fagnoul, exténué de fatigue, s'endormit, au point de devenir un
guide aveugle de son fidèle cheval, une bien brave monture, au dire de ceux qui s'en souviennent.
Arrivé " So Rômont ", aucun appel de la bride ne dut inciter le cheval à emprunter la voie la plus directe pour
rentrer à Malacord (l'actuel chemin asphalté traversant le Thier) car la bête continua tout droit, s'engageant dans
la route qui mène au " Doyârd ", vers la maison de Jean Seret. Pas pour longtemps, toutefois ...
Mu sans doute par un mouvement instinctif de l'homme endormi, le cheval s'enfonça brusquement dans les terres, en
direction de la route qu'il n'avait pas été invité à suivre quelques instants plus tôt. A cette époque, il
n'existait pas de haies, la bête eu tôt fait de franchir la distance qui la séparait du talus fatal : la charrette
vint s'y écraser, précipitant Fagnoul sur le sol, sans vie, la poitrine défoncée ...
L'animal resta près de son maître .... Seuls, rompant le silence de la nuit, les appels angoissés des " rudjons "
(grelots) en délire pouvaient laisser deviner le drame affreux dont ce décor âpre et sauvage venait d'être le
témoin. On les entendit jusqu'à la Fagnoule.
Mais personne ne s'imaginait ce qui venait de se passer. A Malacord, les Fagnoul n'avaient pas attendu la rentrée de
Hubert pour se mettre au lit ... on le savait suffisamment débrouillard et bien au courant du métier pour ranger,
seul, chevaux et attelages, aux termes des longues tournées. Si le sommeil fut paisible, le réveil le fut moins ! ...
Dans les premières lueurs de l'aube du dimanche 21 mai, Adrien Delvaux qui habitait alors le Burnontige, avait
découvert le cadavre. Ce fut Joseph Louette, époux de Mélie Cornet, de défunte mémoire, qui s'acquitta du pénible
devoir de prévenir la famille.
Ce dimanche à Ferrières fut un bien triste Dimanche ... La jeunesse du village avait perdu l'un des siens. Li Creû
Houbèrt nous le rappelle quand nous passons quelque part " A li Spène "

(Le canard No 12/12)