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( Ferrières, Place de Chablis) |
( Ferrières, Place de Chablis) |
MONOGRAPHIE DE FERRIERES (Mr Le Doyen Riga en 1955 - mais toujours d'actualité) Le voyageur qui vient pour la première fois à Ferrières, s'étonne souvent que cette petite agglomération soit un chef-lieu de canton et le siège d'une justice de paix et d'un doyenné. Son étonnement disparaîtra cependant lorsqu'on lui aura appris que le village de Ferrières, où s'élèvent les édifices publics, n'est que le centre d'une commune, dont les hameaux nombreux et disséminés hébergent actuellement une population de 1.100 habitants, et dont le territoire, recouvert en majeure partie par des bois, s'étend sur une superficie de 2.060 hectares. S'il veut par lui-même avoir un aperçu général de l'importance et surtout de la beauté de cette commune, qu'il vienne par la route d'Etat No 29 (Aywaille-Marche), et, qu'au moment où il va aborder la descente vers My-Ville, il tourne ses regards vers la gauche, en cheminant lentement. Par temps clair, il découvrira comme un vaste amphithéatre sur les gradins duquel sont étagés ou perchés la plupart des hameaux de la commune. Ce seront en partant de l'est, Saint-Roch, La Rouge-Minière, le Houpet, surmonté de Lafru, Lantroul, La Fagnoul, puis, au fond d'une vallée en face, le Trou, dominé par les quelques maisons de la Picherotte ; enfin le Thier, au dessus et au-delà de Ferrières, reconnaissable au clocher de son église bien apparente. De cette descente vers My-Ville d'autres hameaux seront encore visibles : Grimonster, Ferot, Malacord et Lognoul, assis au fond des vallées ; ensuite Monocar caché par une colline, à l'Est de Malacord. Et il ne faudra pas oublier non plus qu'il y a par delà l'horizon, le hameau important de Burnontige, avec son annexe Jehonheid, et enfin plus vers l'Est, la Cherhalle. De son observatoire, le voyageur pourra également distinguer les grandes lignes du régime hydrographique de la commune conditionné par deux vallées, une en direction de l'Est, l'autre allant vers le Sud. Il faudra toutefois excepter le versant de Burnontige qui déverse ses eaux dans le ruisseau de Pont-le-Pêtre, lequel va se jeter dans l'Aisne et, par elle, dans l'Ourthe à Bomal. La vallée qui va vers l'Est disparaît rapidement à la vue, car elle s'enfonce dans des collines et des bois qui la cachent. Ce n'est point dommage. On sera d'autant plus charmé, si on en a l'occasion, de la parcourir toute entière à pied. Elle se prolonge, à partir de Malacord, sur une longueur de plus de 6 km., jusqu' à la route d'Etat no 23, dite route de Bastogne et devenue célèbre depuis l'offensive désespérée des Allemands à la fin de 1944. Elle est tout à fait encaissée sur une distance de 3 kilomètres. Ce n'est qu'un peu à la Levée (commune d'Ernonheid) et surtout depuis Grimonster, qu'elle laisse à la vue quelques échappées vers des horizons encore très rapprochés. Les eaux découlant des bois, qui sont les parois de cette vallée, en rendent le fond marécageux et y forment un ruisseau. Celui-ci est amorcé déjà à l'Est de la route de Bastogne, sur le territoire de la commune de Harzé, par deux petits ruisseaux qui unissent leurs eaux, à peu de distance de la route, avant de la traverser. Celle-ci une fois passée, le cours unique des eaux prend le nom de Pouhon, et suit la vallée quelque peu remplie de mystère. Si, comme dit la chanson, non pas les vieux murs, mais cette vallée, pouvait parler, elle redirait les labeurs de toute une population qu'elle a abritée, et qui, jusqu'au siècle dernier, s'occupait dans les " Fourneaux " à travailler le minerai de fer, utilisant à cette fin, comme combustible, le bois fourni en abondance par les forêts environnantes, et comme force motrice, l'eau des ruisseaux, qu'elle retenait par des barrages. De tout cela il ne reste que des souvenirs et quelques vestiges seulement. En particulier, quelques vagues ruines des maisons qui remplissaient la vallée. Mais surtout, à la limite de la commune de Harzé, la Chapelle Saint-Anne, fondée en 1524, pour satisfaire aux besoins religieux de la population voisine. Pendant ses quatre siècles d'existence, cette chapelle subit bien des malheurs. Mais le plus grave de tout, ce fut assurément le danger de destruction complète dont elle fut menacée, par l'abandon dans lequel on la laissait, l'usage plus que profane qu'on en faisait, et le pillage dont elle fut la victime. Ce n'est que depuis un quart de siècle qu'elle a été heureusement sauvée par les efforts des personnes respectueuses non seulement des souvenirs, mais aussi des droits du passé. Elle est a présent restaurée et, quoiqu'elle ai perdu beaucoup de ses richesses artistiques et archéologiques, elle est classée comme monument historique par la Comission Royale des monuments et sites. Le lit du Pouhon gagne rapidement en largeur en recevant les eaux des ruisseaux qui descendent des hauteurs boisées. En particulier sur sa rive gauche, c'est le ruisseau du Pourceau qui vient s'y adjoindre. Celui-ci vient des limites de la commune d'Ernonheid. Sur sa rive droite le Pouhon reçoit, peu avant Ferot, " le Ry du fond du moulin ", qui lui amène toutes les eaux recueillies dans les bois de Xhoris, en suivant, à partir de St Roch, une bien pittoresque vallée. Enfin à Malacord, le Pouhon s'unit au ruisseau amené par la vallée qui se dirige vers le Sud. Ensemble, ils forment la Lembrée. Celle-ci, suivant le prolongement vers l'Ouest de la vallée du Pouhon, va se jeter dans l'Ourthe, au pied de la colline sur le sommet de laquelle reposent les ruines de l'ancien château de Logne. Elle a ceci de particulier que, sur une grande distance, ses eaux pénètrent dans le sol, formant au dire des connaisseurs, un lac souterrain, avant de revenir au jour, et que ce n'est que par temps de pluies abondantes qu'elles coulent également en surface. La vallée qui se dirige vers le Sud oblique vers la gauche. Elle remonte alors, en serpentant, jusqu'à l'arrêt du tram vicinal au Burnontige. Pauvre tram !, il doit toujours éprouver quelque frayeur à affronter la côte sinueuse qui le hissera sur le plateau supérieur. Et puis, quelle vallée tragique pour lui ! N'est-ce pas en ces endroits que, pendant la guerre, mis en service obligatoire par les ennemis, ses wagons on été maintes fois anéantis dans les ravins, parce que des réfractaires et des résistants les lançaient sans frein, sur leur ligne en plan incliné, et que, pendant leur allure vertigineuse, ils ne pouvaient prendre correctement les virages ? Tragique, elle le fut également pour tous cette vallée. Le 4 septembre 1944, en effet, les Allemands en retraite s'en vinrent livrer combat à un camp de résistants, installés dans les bois de Heid de Chaude. Il y eut, paraît-il, des ennemis tués ; mais le lendemain, on retrouvait également sur le champ de bataille les corps de trois des nôtres. On se rend compte que, le relief de la commune de Ferrières étant très accidenté, il est de nature à réserver d'agréables surprises aux promeneurs. Les buts de promenade sont très nombreux. Mais on peut s'en aller à l'aventure ; on est toujours certain, ne fût-ce que pendant deux heures de balades, de trouver des coins charmants et de beaux points de vue. Mais qu'on soit prudent et qu'au départ on se munisse d'une bonne canne. Il s'agira, en effet, de faire quelque ascension un peu raide. De 185 m. d'altitude, au confluent des deux ruisseaux à Malacord, on s'élèvera jusqu'à la hauteur de 430 m. à Burnontige. Et l'on constatera que s'il y a environ 60 km de route à Ferrières, on n'en trouvera pas deux qui soient vraiment plats. Un sol aussi tourmenté, une couche arable peu profonde (les roches affleurent dans certains terrains), une terre souvent caillouteuse, toutes ces conditions n'offrent pas de grandes possibilités pour une agriculture florissante. Qu'en plus, la sécheresse vienne à sévir, les produits de la terre seront bien maigres. C'est pourtant une calamité qui ne semble pas avoir été rare au cours des siècles. Melchior Petri, curé de Ferrières de 1584 à 1601, en relate plusieurs dans ses chroniques, et ne manquera pas d'en signaler les méfaits. La sécheresse de 1590 fut particulièrement désastreuse. La chaleur fut si longue et si véhémente et la terre fut tellement privée d' " d'hummeur " que les blés n'avaient pas plus d'un demi pied de hauteur, qu'on ne pouvait les lier en gerbes et qu'on devait les rentrer à la façon du " foing " dans des " linceulx ". Les bêtes à cornes eurent à souffrir de la famine. Elles mangeaient les têtes des arbustes par manque de " pasturaiges et de waides ". Cependant, de nos jours, l'amélioration des terres par l'emploi des engrais, leur transformation en pâturages et aussi l'abandon des méthodes routinières de culture permettent d'obtenir du travail agricole une honnête rémunération. C'est surtout à l'élevage des bêtes à cornes qu'on en est venu. On a bien délaissé celui ces chevaux et des moutons, dont parlent les anciennes notices. Fini à Ferrières le temps des " herdis " et de leurs grands troupeaux de moutons. Quelques " bedots " et quelques " gattes " détenus par des particuliers, non fermiers, sont les seuls représentants de race ovine et caprine dans la région. Malgré tout, l'agriculture n'est pas à même de nourrir et d'occuper toute la population de Ferrières. Il y avait bien encore au temps jadis, dans la région, l'industrie du fer. Beaucoup de noms de villages et de lieux en témoignent : Ferrières, Rouge-Minière, Fourneau de Ferot, Vieux Fourneau, Izier (forme germanique). Il en reste même quelques souvenirs concrets, sous forme d'objets fabriqués. Dans l'ancien cimetière, qui entourait l'église, s'élève encore, à la mémoire d'un certain Lognoul, un monument funéraire en fonte. Ce serait, selon une tradition incontrôlable, un produit des fourneaux où travaillaient les membres de la famille du défunt, qui étaient tous fondeurs. Il y a une trentaine d'années, certains chercheurs ont bien prospecté le sol, pour étudier la possibilité de ressusciter une antique industrie qui a été une source de richesse pour le pays de Ferrières. Mais comment réussir à concurrencer les usines métallurgiques modernes, quand elles sont installées là où elles trouvent sur place et à meilleur compte un combustible plus efficace. Il y avait aussi, et il y a encore, l'industrie du bois. Mais, malgré l'étendue des forêts, un petit nombre seulement trouvent leur gagne-pain dans cette industrie. Il s'agit seulement, en effet, de l'abatage des arbres, du découpage du bois, en vue d'assurer, dans une certaine mesure, le chauffage domestique, ou préparer le bois nécessaires dans les mines. Pour le débitage en planches, madriers, etc.. Il reste dans la commune une seule scierie, dont la production ne peut guère être absorbée par les besoins de la commune. A titre de curiosité, on pourrait signaler que certains vieux ou même vieilles sont restés habiles dans l'art de tresser des mannes, des paniers et d'autres objets divers. Ils peuvent ainsi satisfaire les amateurs d'antiquités, désireux de décorer leur habitation au moyen d'objets fabriqués selon les méthodes d'autrefois. Les étrangers, pendant la bonne saison et les Week-end, fournissent à Ferrières un accroissement occasionnel de population. Il s'agit encore et surtout de gens fatigués de vivre dans le bruit et la trépidation des villes et des usines, dans l'emprisonnement malsain des bureaux. Ils sont désireux de faire une cure salutaire de repos et d'air pur et s'en viennent pour cela dans des régions salubres comme Ferrières. Certains même y trouvent un tel agrément qu'avec une vieille maison qu'ils acquièrent, ils en font, en la restaurant, un home confortable, propre, simple et rustique dans lequel ils se sentent si bien chez nous qu'ils y reviennent sans cesse. On ne fait pas à Ferrières un séjour quelque peu prolongé sans éprouver le désir de fouiller son passé. L'antiquité manifeste de certains de ses édifices atteste qu'il doit y avoir une histoire ; ce n'est pas, hélas, dans les traditions locales qu'il faut la chercher. Les habitants actuels de Ferrières n'ont guère conservé de souvenirs que leur auraient laissés leurs lointains ancêtres. Peu de familles, résidant actuellement dans la commune, y ont une ascendance qui remonte à plusieurs siècles. On ne peut donc s'en rapporter qu'aux rares témoignages des documents écrits. Certains chercheurs les ont rassemblés. Parmi eux, il convient de citer M. le Docteur Thiry d'Aywaille, qui a écrit au sujet de Ferrières quelques pages (188 à 200) dans son deuxième volume de son ouvrage : " Histoire de l'ancienne Seigneurie et Commune d'Aywaille ". Des renseignements puisés aux archives divers, il apparaît que depuis l'an 747 jusqu'à la révolution française, la Mayeurie de Ferrières a existé sous la dépendance de l'Abbaye de Stavelot. On y menait une existence très laborieuse et souvent aussi très éprouvée. Il est remarquable de constater comment la commune de Ferrières a toujours eu à souffrir de guerres, si fréquentes dans les siècles passés. On y a su autrefois comme aujourd'hui, pour en avoir été victime, ce que c'est que les logements des troupes, les pillages, les réquisitions, etc.. Il y a même été question parfois de dommages de guerre. Témoin une requête présentée en 1680 par les habitants aux autorités dont ils dépendaient, après les guerres de 1675-1679, afin qu'elles eussent pitié d'eux. Ils leur représentaient que la communauté de " Ferier " a été tellement surchargée et ruinée, tant par les guerres que par l'exorbitance des tailles qu'au lieu de 59 hommes qu'il y avait au dit Ferier, il ne s'en trouvait plus que 12, les autres étant morts de misère, de pauvreté et de déplaisir, en raison des pillages et des maisons tombées en ruines. Et c'était la même lamentable situation dans les autres hameaux. Faut-il que Ferrières d'aujourd'hui ait ressenti, pendant la grande et drôle de guerre, une particulière antipathie contre l'envahisseur. C'était comme un héritage du passé. Cela n'empêche que ceux qui habitaient jadis la localité, tout exemplaires qu'on puisse les supposer, n'en étaient pas moins soumis aux faiblesses humaines. Eux non plus " ne crachaient pas dans leur verre ". Ce qui avait parfois de tragiques dénouements. On rapporte l'exemple de cet homme, qui après de copieuses libations, s'en alla se coucher dans une meule de paille, pour cuver sa boisson. Il tomba si malencontreusement que sa chute lui " cousta la vie du corps ". Un autre (il était de Rahier il est vrai, mais avait épousé une jeune fille de Ferrières) " fut tellement induit en temptation par l'ennemis du genre humain, qu'au vingt huicte jour de maye l'an 1586 ... il donna un grand coup de couteau au ventre de sa femme ... icelle mourut le lendemain au grand regret de ses amis et voisins " . Il paya rapidement son crime. Emprisonné jusqu'au 12 juin, jugé de jour là même par les " Sgrs Officiers et Justichiers " tant de Stavelot que de Ferier, il fut décollez sur le Piery et heu bras et jambes rompus ". La justice ne jouait pas avec les coupables en ces temps-là . Peut-être les gens d'alors ont-ils eu, eux aussi, leurs " soucoupes volantes " ? Les phénomènes célestes les impressionnaient beaucoup. Ils furent un jour terrifiés par une éclipse de soleil qui " estoit xhardez presque à demi, tenant les cornes en bas ", et une nuit, par d'épouvantables rayons lumineux qui étaient pour eux un étrange et craintif présage. Il est vrai qu'on était à une époque où l'on croyait ferme aux " seigneries, divinations, charmeries, et aussi maquererelles " (macralles et sorcières) contre lesquelles les autorités ne manquaient pas de sévir, parfois par le supplice du feu. Tout cela c'est passé ! Quelques édifices, encore existants, en furent les témoins muets. Que n'ont-ils, pour en raconter les évènements reçu une parole plus éloquente que celle des vieux murs qui les contiennent encore aujourd'hui ! Il convient de citer tout d'abord, près de l'église paroissiale, l'ancienne Maison-forte, devenue au cours des siècles la demeure du Mayeur et le siège de la cour de justice de Ferrières. Il n'est pas rare, à la belle saison, de voir autour de cet édifice, devenu ferme, des artistes photographes ou peintres, qui ne veulent pas quitter la localité sans emporter un souvenir de ce bâtiment remarquable, non seulement par sa masse, mais encore par quelques détails d'architecture, en particulier, par le pavement " so cresse " d'une de ses pièces. Il y a aussi le château de Ferot, qui doit être bien honoré du titre dont on le décore ; il l'a peut être bien mérité pourtant, car il eut sans doute quelque rôle à jouer autrefois, ayant été aussi cour de justice. Il y a ceci de curieux dans le bloc des bâtiments de Ferot, actuellement ferme et château, que le château est situé sur la province de Luxembourg, tandis que la ferme appartient à la province de Liège. La limite des provinces passe par la porte charretière de la ferme. Puis, c'est le château de Grimonster. Il a eu le triste honneur d'avoir subi pour la cause de la patrie, de très graves dommages, par suite de l'usage et de l'abus qu'en ont fait nos libérateurs américains. Il est à présent restauré avec un goût parfait. Son grand mérite est toutefois de se trouver au fond d'une ravissante solitude, en pleine vallée du Pouhon. C'est encore et surtout le Petit Séminaire de Saint-Roch, ancien couvent de Bernardfagne ; au VII ème siècle, les habitants de nos contrées, peu ou prou christianisés, rendaient encore un culte à des fontaines vouées aux anciennes divinités païennes. Saint Remacle, l'apôtre des Ardennes, purifia par le signe de la croix, quelques sources sur le territoire actuel de Filot (non loin d'Insegotte), lesquelles devinrent un lieu de pèlerinage sous le nom de Benoîtes Fontaines (vers 650). Vers 1150, Adélard de Roanne, seigneur de My, qui dépendait encore de la principauté abbatiale de Stavelot, fit construire, non loin des fontaines, à l'endroit où s'élève aujourd'hui le petit séminaire une cabane de refuge pour les pèlerins. Il confia ce petit établissement appelé Cellule Notre-Dame à un pieux ermite du nom de Wédéric ou Wéri. Le nom de Bernardfagne, qui est le vrai toponyme de l'endroit, connu sous le nom de St-Roch, apparaît dans un acte en 1216. En 1220, Thierry de Walcourt, comte de Montaigu, sur le point de partir pour la croisade, place à Bernardfagne un certain Jean de Férot auquel il donne la seigneurerie de Férot sise dans la vallée du Vieux Pouhon, entre la Rouge Minière et Malacord. En 1248, Henri de Gueldre, évêque élu de Liège et abbé de Stavelot, désirant pourvoir d'une manière définitive à la conservation du refuge, proposa aux religieux de Saint-Guillaume ou Guillemins d'y installer une maison de leur ordre. En 1287, le monastère de Bernardfagne fonda à Liège un couvent de Guillemins à l'endroit où devait s'élever, environ six siècles plus tard, la station du chemin de fer. Le culte des Benoîtes Fontaines tomba peu à peu en désuétude et la vogue de la maison s'en ressentît fâcheusement. Vers 1520, le prieur Dom Pezin comprit qu'il fallait un nouvel aliment à la dévotion populaire. Il se procura des reliques de Saint-Roch, invoqué contre les maladies contagieuses et établit dans son église le culte de ce saint. Sous le priorat de Dom Heddebault, en 1675, Guillaume Natalis, abbé du célèbre Monastère de Saint Laurent, à Liège, fit don à l'église de Bernardfagne, d'une statue de Saint-Roch, en bois, polychromé, placée sur une colonne de marbre noir. C'est cette statue qui est l'objet de la vénération des pèlerins d'aujourd'hui. En 1686, la maison de Bernardfagne acquit une part de la seigneurie des Pouhons, sur le territoire actuel de Ernonheid et de Harzé. Au début du XVIII ème siècle, le prieur Dom Nicolas de Presseux de Hautregard, restaura et même renouvela son monastère. Les spacieuses constructions de cette époque existent encore et abritent un joyau de belle menuiserie en style Louis XIV Liégeois : il s'agit du " grand salon " aux lambris finement exécutés, qui encadrent de grandes toiles représentant les scènes de la vie du roi David. Mais l'ancien régime touchait à sa fin. En 1796, sous le régime français, les religieux de Saint-Guillaume furent chassés de leur vieille maison de Bernardfagne. En 1820, Monseigneur Barett, vicaire capitulaire du diocèse de Liège, établit dans l'ancien prieuré un petit séminaire qui fut fermé dès 1825 par le régime hollandais. Après plusieurs tentatives, l'établissement fut organisé définitivement en 1853. A côté d'une école normale, qui a été fixée à Theux en 1919, s'est épanoui dans un site merveilleux un collège d'humanités gréco-latines complété par une école moyenne et une section préparatoire, qui, depuis près d'un siècle, est un centre intellectuel bien connu dans le diocèse de Liège et dans tout le Nord du Luxembourg. Et l'église de Ferrières ? Elle a remplacé, en 1878, celle qui, de son clocher semi-bulbeux, a vu vraisemblablement des siècles de l'histoire ancienne de la paroisse. Dans la nouvelle, il n'est rien resté de l'ancienne, sinon la pierre tombale de Henri Adam, vicaire de la paroisse, décédé le 2 juin 1748. Et aussi les deux cloches, fondues en 1849 par Causard frères, à Tellin. L'une d'elles est partie en Allemagne le 31 mars 1944 pour une bien périlleuse randonnée. Elle en est heureusement revenue, le 6 novembre 1945 sans avoir subi trop de dommage. L'ancienne église possédait cependant une image de Notre-Dame de Grâce, devant laquelle on présentait les enfants morts sans baptême, pour qu'ils reviennent à la vie, le temps nécessaire à l'administration du sacrement. Le miracle, au témoignage d'un ancien curé de Ferrières, se serait produit au moins une fois, le 26-11-1648 vers une heure du matin. Quelle que soit l'appréciation que l'on donne à la nouvelle église, au point de vue architectural, il est certain que son style pseudo-gothique lui donne de près et de loin, une grâce impressionnante. La restauration intérieure, qu'elle a reçue en 1947, ne fait qu'accentuer son cachet de simplicité religieuse. Malgré cette restauration, l'église a conservé, au-dessus de la nef centrale, tout près de la tour, quelques traces du passage à travers la voûte d'un Allemand qui, le 15-2-1944, voulait se rendre compte par lui-même qu'on ne cachait ni armes, ni réfractaires, dans les combles de l'édifice. Une splendide chapelle, dépendant de Ferrières, a été construite à la Rouge Minière, pendant la guerre, pour faciliter aux habitants de ce hameau éloigné du centre, l'accomplissement de leurs devoirs religieux. Elle ne fait, du reste, que remplacer la chapelle castrale de Grimonster, ouverte jusqu'à cette date au culte public. On ne peut quitter Ferrières sans être allé se recueillir devant les monuments érigés en mémoire de ceux qui sont tombés pour la patrie. Celui du cimetière rappelle le sacrifice des enfants de la commune. Deux autres sont élevés en un point culminant de la commune, près de la vieille chapelle Sainte-Barbe, entre le Trou et le Burnontige, en un site impressionnant qui invite à un pieux silence. Le premier est consacré à la mémoire des maquisards, réfractaires et résistants, morts sous les coups de l'ennemi. On s'en voudrait de ne pas citer parmi eux trois noms, les plus glorieux peut-être : Suzanne Boscheron, Josette Petit, Hortense Swinnen. Pour perpétuer le souvenir de ces trois héroïnes, un autre monument, d'une émouvante simplicité (une grosse pierre de rocher, sur laquelle on a attaché une croix) repose à même le sol, à l'endroit précis où Suzanne Boscheron fut abattue par l'ennemi. Ces trois monuments ne sont point ce qu'il y a de moins sacré dans le patrimoine historique de Ferrières. TOPONYMIE : FERRARIO (747) : du latin " Ferraria " (lieu où l'on travaille le fer ou le bois) ; FERIERES (1049) ; FERRARIA (1130-1131) ; FERIER (XVIIe) ; FERRIERES (après la révolution française). ( Ferrières, -) |