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Adresse(s): |
La Basse Colète , 0, 4190 ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() |
Catégorie(s): |
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Informations |
C'est peut-être le lieudit le moins étendu de la commune. En effet il ne compte que quelques ares constitués par les deux habitations dont l'une est maintenant abattue et l'autre, chancelante, qui attend son tour proche, auxquelles il y a lieu d'ajouter le bout de chemin en façade et la vieille grange datant de 1857. Qui pourrait fournir la signification du toponyme "Basse Colète"? Ce genre de recherches est toujours compliqué parce que l'origine des termes remonte souvent très loin dans le passé et que des transformations de langage et des erreurs les ont altérés. Pour "Basse Colète" on pense automatiquement à un endroit en contrebas, élément confirmé par cette curieuse constatation faite par "les hommes de la commune" lors des démolitions. Dans la première pièce on remarquait d'abord un plancher. Sous ce plancher se trouvait un dallage de "clavês". Sous le dallage il y avait eu un remblayage de 50 cm d'épaisseur sur un premier fond de pierres plates. Les "montants" (jambages) de la cheminée à hotte se trouvaient ainsi enfouis à 50 cm du niveau actuel. Tout ceci semble bien indiquer que le niveau primitif de l'habitation se trouvait nettement plus bas et sans doute aussi celui de l'ancien chemin qui passait en face. L'endroit méritait donc bien d'être qualifié de "bas". L'ancien chemin aurait-il été exhaussé ce qui aurait nécessité la même opération dans la maison? Notons encore que "basse" ou "pote" est une mare d'eau bourbeuse. Quant au mot "Colète", à première vue il ne signifie rien. Toutefois, partant du fait que dans toutes les langues les hommes ont tendance à rechercher une prononciation plus aisée des mots, il est permis de supposer que "Colète" est une déviation de "golète". Il est en effet plus facile de prononcer "Basse Colète" que "Basse Golète". Or, précisément, "golète" est un vieux mot wallon signifiant goulette, entrée en entonnoir. "Golète" dérive du latin "gula" signifiant gueule. "Golète" désigne un lieudit à Sy ainsi qu'à Beaufays. Bien entendu toutes ces considérations sont livrées de notre part sous forme d'hypothèse. Mais toutes convergent vers cette idée générale de dépression contenue dans "Basse" et, selon notre version, d'entrée en entonnoir ou passage étroit contenu dans "Colète" ou "Golète". Les voilà donc disparues, ou presque, les vieilles maisons de la Basse Colète délabrées, leur démolition était devenue nécessaire et désirée par tous. Cependant un sentiment de regret se mêle à leur disparition et il n'est pas rare d'entendre cette remarque : "0n aurait dû les entretenir afin de conserver ce morceau intéressant du vieux Ferrières". Et d'autres d'ajouter : "On aurait pu en faire un musée de la Commune", leur architecture de maisons trapues aux heureuses proportions était typiquement représentative de l'ancien Ferrières mi-ardennais mi-condruzien. Sur un soubassement en pierre se dressait une ossature de pans de bois dont les compartiments avaient été obturés par le torchis remplacé plus tard et pour les murs extérieurs par un "pâliotèdje" de briques et même à la façade par de la pierre. Ces murs en pierre possédaient des baies de portes et de fenêtres encadrées, comme toujours à Ferrières, par de la pierre de taille. Dans le torchis, on distinguait, le "fèssèdje" fait de bâtons de chêne ou de "neûr-bôr". Toits en "herbins" ayant succédé aux "teûts di strins", énormes cheminées à hotte et maints autres détails pourraient être relevés qui forment une page d'histoire de la construction à Ferrières. Sans aucun doute les maisons de la Basse Colète ont été dans leur jeune âge les plus belles, du village après la House qui se dressait, haute et massive comme une vraie demeure seigneuriale, au milieu des constructions basses aux toits de chaume. C'est aussi un long chapitre d'histoire politique et sociale que rappellent les vieux murs de la Basse Colète. L'inscription 1782 de la "potale" ne représente pas nécessairement la date de la construction, mais celle de l'érection du mur de façade remplaçait un mur en torchis, De sorte que la première maison de la Basse Colète remonterait à une époque plus éloignée. Preuve encore : sous la cheminée une petite cave sans accès, mais visible seulement dans la rampe d'escalier par une petite ouverture de 40 cm carrés. Les vieux murs de la Basse Colète ont connu l'Ancien Régime, c'est-à -dire le temps où Ferrières faisait partie de la petite Principauté de Stavelot-Malmedy qu'administrait le Prince-Abbé représenté dans nos villages par un "mayeur" (terme resté dans notre wallon). Ils ont su l'émotion des habitants à l'annonce de l'assassinat du curé de Xhignesse par les frères Renard (1778). Ils ont entendu, raconter les prodiges du célèbre berger-sorcier Bellem. Ils ont été témoins des convulsions violentes de la Révolution Française de 1789 et de l'occupation pénible de notre pays par la France (1794 à 1814). Ils ont sans doute vu passer des soldats autrichiens et français après la bataille de Sprimont. Ils ont vu la fuite des moines de Bernardfagne (St.Roch). Ils ont vu les gendarmes français à la recherche des réfractaire et notamment de Lambert l'Argoté dont les aventures ont été représentées sur la scène du Cercle (Un Réfractaire Ardennais sous Napoléon). Ils ont entendu chanter ou maudire Napoléon et ont assisté à sa chute. Ils ont regretté notre rattachement à la Hollande. Ils ont assisté à la joie de nos aïeux enfin indépendants (1830). Ils ont vu nos ancêtres en "bleu sârot" et " calote di sôye", en "barada" et "cazawè". Ils ont entendu le roulement des diligences dans la descente de Malacord. Ils ont souri aux premiers vélos à grandes roues, aux premières autos (30km à l'heure? c'était foudroyant), aux sifflements du premier tram vers Lognoul. Que d'événements, que de joies, que de peines ils auraient pu raconter. Les anciens du village se rappellent les occupants d'un temps déjà lointain : li p'tit R'mâke, Tèrése dal Bohêye et tous nous nous souvenons du dernier occupant, le sympathique Mathieu Compère. Clavê: dalle grande, épaisse, massive. Provenance ; vallée de la Lienne, notamment des Forges. Hèrbin: fendis, grosses ardoises. Même provenance que les Clavês. Mot dérivé de l'allemand SCESRBEN qui signifie éclat, débris, tesson. Neûr-bôr: nerprun, bourdaine. Ecorce noire, Pâliotèdje: remplacement du torchis par un cloisonnage en briques. Fessèdje: clayonnage, entrelacement de "fesses" ou petites perches pour former cloison. On recouvrait le clayonnage de torchis : mortier composé de paille ou foin haché mêlé à de l'argile. Teût di strins: toit de chaume. Barada: chapeau à bavolet. Le bavolet était un volant plissé qui pendait derrière le chapeau. Cazawè: espèce de blouse courte tombant sur la jupe. E R P E . (Canard 12/1964) ( Ferrières, La Basse Colète) |